Sentaï School

Sentaï School
Synopsis

A la Sentaï School, pas de grève des profs, pas de RTT, pas de récup' pour journées pédagogiques... C'est qu'à la Sentaï School on forme du Super-Héros, du dur, du vrai ! Alors pour les candidats potentiels, faudrait voir à bétonner la lettre de motivation et blinder le CV, et gare aux cancres...

Mon avis

A chaque nouvelle relecture de Sentaï School, je reste sidérée du point auquel c'est du haut niveau. Cette BD parodique prépubliée dans Coyote, puis proposée successivement par Semic et Kami n'a jamais cessé de se bonifier avec le temps pour atteindre quelque chose de plus en plus spécifique à son genre bien particulier !
Sentaï School prend donc place dans une école de superhéros, les "sentaï" en japonais mais restant largement inspirés des comics américains (et leurs clichés tout autant ridicules, dont le tome 3 reste une légende à ce niveau puisque nos héros partent aux Etats-Unis, je vous laisse imaginer la suite).
Dans le premier tome, les différents chapitres de Sentaï School parodiaient généralement une série précise (sans oublier bien sûr d'insérer au milieu toutes sortes de bêtises issues d'autres oeuvres) tels que GTO, Détective Conan, ou Olive et Tom pour se rappeler des meilleurs ; au fur et à mesure que la série atteignit le succès, elle commença réellement à se développer autour de son groupe spécifique de personnages, parfois rejoints occasionnellement par de nouveaux protagonistes toujours plus délirants les uns que les autres, et à commencer à dépeindre son propre univers toujours empli de parodies et de clins d'oeil d'une richesse impressionnante : impossible de tourner une page sans se heurter entre une et dix fois à un visage connu, l'humour jouant également sur le contexte du scénario (par exemple, un institut psychiatrique où l'on aperçoit à l'arrière-plan outre les trois décérébrés de Death Note - L, Near et Mello-, un petit garçon auquel on explique que "Non Johan, tu n'as pas un Monstre dans la tête et il ne s'appelle pas Pirlouit"...).
Seulement voilà, pour en profiter il est indispensable de posséder un large bagage culturel, aussi bien dans le domaine de la japanimation (l'idéal serait d'avoir connu le Club Do et la 5, de savoir les références des classiques et leurs génériques pourris, et d'avoir suivi tout du long et avec attention la parution des séries japonaises depuis cette époque jusqu'à maintenant) qu'en d'autres plus internationaux (ainsi le volume "Spécial Noël" -que je cite du fait que c'est le dernier que j'ai lu- contient-il également des références au Seigneur des Anneaux, Harry Potter, X-Men et sans doute d'autres choses que j'ai dû manquer à cause de ma méconnaissance totale de la culture américaine...) Si la connaissance est insuffisante, il est parfois frustrant de se douter de la présence d'un gag sans parvenir à le saisir ; et si le manque de connaissances est vraiment important, le risque est alors grand que la BD Sentaï School ne parvienne pas à trouver écho auprès du lecteur qui n'y trouvera pas d'intérêt.
Il n'en reste pas moins que pour quiconque baigne depuis un minimum de temps dans le milieu du manga et de l'animation japonaise, Sentaï School reste un monument inégalé de références hétéroclites et de la tournée en dérision des stéréotypes les plus célèbres (quiconque se souvient des sentaï sait que le genre est sans conteste celui qui se prête le plus au ridicule, d'ailleurs les Japonais eux-mêmes le savent très bien comme le prouve le manga Dukalyon de Clamp), réunis au sein de la non-moins célèbre école dans le but est d'enseigner à ses élèves comment devenir de bons superhéros par différents cours aux noms tous plus explicites les uns que les autres : ténébritude, drague, coolitude, dissimulation de l'identité, etc. L'école des héros ne tarde d'ailleurs pas à être contrebalancée par l'ouverture d'une école rivale bien nommée la Villains School, dont le directeur porte le doux nom de Stratéquerre et dont les élèves aspirent à devenir de bons ennemis de superhéros (leurs cours portent sur la prestance, l'obligation de dévoiler la totalité du plan prévu au héros au moment où il le fait échouer, ou encore sur la nécessité de jurer de se venger avant de tirer sa révérence). La Sentaï School elle-même tente de s'ouvrir progressivement au progrès et à l'évolution des modes, notamment par l'introduction de la dualité des sexes dès le tome 2 (la femme dans les sentaï pouvant être pourvue de deux rôles : soit être un faire-valoir faisant office de boulet qui se prend les pieds dans les câbles et se fait enlever bien sagement, soit être une héroïne moderne qui se passe très bien de la présence d'un héros masculin).
Le graphisme de Sentaï School peut rebuter de prime abord mais l'on s'y fait d'autant plus rapidement que la qualité reste équivalente de tome en tome, même quand l'un d'eux voit se succéder un dessinateur différent à chaque chapitre afin de rendre hommage à la série. Sa subtilité, sa richesse et l'efficacité imparable de son humour hissent aisément Sentaï School au rang des plus grandes oeuvres, et dans la mesure où elle est actuellement seule à évoluer efficacement dans le domaine de la parodie (les oeuvres telles que Naruzozo, Two Pieces, Love Nana, Death Joke et autres FullLetal Alchemist étant résolument à incendier le plus possible), c'est naturellement qu'elle se pose en tant que référence des clins d'oeil et du rire.

Note : 10/10
Auteurs : Florence Torta et Philippe Cardona
Disponible en français chez Kami

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